La renaissance du Musée Cernuschi
Le musée Cernuschi des arts asiatiques de la Ville de Paris, après de nombreux mois de rénovation, a finalement réouvert ses portes le 4 mars dernier. Ces neufs mois de travaux révèlent une nouvelle muséographie, visant à mieux mettre en valeur ses collections d’art asiatique.
C’est donc une véritable redécouverte des collections d’art asiatique autour des bronzes, céramiques, bois laqués, peintures, estampes et photographies réunis par l’homme d’affaires et républicain italien exilé en France Henri Cernuschi (1821-1896), dans le nouvel environnement de son hôtel particulier parisien. De nouveaux outils numériques et vitrines thématiques permettent également d’approfondir les collections.
Plus aéré, plus lumineux, mieux organisé, plus didactique, celui-ci emmène le visiteur à la découverte des œuvres d’art réunies par le collectionneur. Des pièces venues de Chine mais aussi du Japon, du Vietnam ou de Corée,
Henri Cernuschi
Le musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris est né de la volonté d’Henri Cernuschi (1821-1896), son fondateur. Familier de Léon Gambetta, d’Émile Zola, aussi bien que de Sarah Bernhardt ou d’Edmond de Goncourt, Cernuschi est une figure marquante du Paris intellectuel et artistique de la fin du XIXe siècle. Homme politique d’origine italienne aux engagements républicains, économiste et financier célèbre pour ses théories monétaires, Henri Cernuschi est aujourd’hui principalement connu à travers le prisme des arts asiatiques.
Au début des années 1870, Henri Cernuschi découvre l’Asie, véritable but d’un voyage autour du monde entrepris en compagnie du critique d’art Théodore Duret. Après avoir traversé le continent américain et l’océan Pacifique, il arrive au Japon, porte ouverte surl’Asie et son art. Du Japon, il gagne la Chine, puis Java, Ceylan, Singapour et l’Inde. Ce périple est à l’origine d’une des plus importantes collections européennes d’art asiatique réunies au XIXe siècle.
En 1873, dès son retour à Paris, Cernuschi expose sa collection fraîchement constituée au palais de l’Industrie. Fort de ce succès, il fait construire dans un quartier récemment aménagé à proximité du parc Monceau, un hôtel particulier où il vit entouré de ses collections. Accueillant les artistes et les amateurs d’art asiatique, Cernuschi fait de sa demeure l’un des hauts lieux du japonisme jusqu’à sa mort en 1896. L’hôtel particulier et ses collections sont légués à la Ville de Paris.
Une demeure de style néoclassique construite par l’architecte d’origine hollandaise, William Bouwens van der Boijen, le bâtiment porte la marque du style néoclassique en vogue en Italie du Nord vers 1840.
Un musée d’arts asiatiques en plein coeur de Paris
En 1873-1874, Henri Cernuschi achète aux frères Péreire, la dernière parcelle non bâtie sur l’avenue Vélasquez, et confie à l’architecte William Bouwens van der Boijen, la construction d’un hôtel particulier où il résidera, entouré des œuvres d’art rapportées de son périple asiatique.
Il meurt à Menton en 1896 après avoir légué son hôtel particulier et ses collections asiatiques à la ville de Paris.
Le musée est inauguré le 26 octobre 1898, il devint rapidement le théâtre de nombreuses expositions consacrées aux différentes formes d’expressions artistiques de la Chine et du Japon. De 1910 à 1946, les importantes découvertes archéologiques en Chine et au Vietnam contribuèrent à donner un nouveau visage au musée Cernuschi, désormais consacré de manière privilégiée à l’antiquité chinoise considérée comme le berceau des cultures extrême-orientales.
A partir de 1946, le musée Cernuschi s’est largement ouvert aux arts asiatiques vivants, comme la calligraphie japonaise ou la peinture chinoise contemporaine. Des années 1950 aux années 1990, ce domaine particulier fit l’objet d’une politique d’acquisition et d’exposition très active qui permit de constituer l’une des premières collections en Europe.
A la suite de la politique de réformes inaugurée en Chine dans les années 1980, les grands musées chinois commencèrent à s’ouvrir à l’international : pendant les deux décennies suivantes le musée Cernuschi s’imposa comme le lieu privilégié des grandes expositions venues de Chine permettant au public parisien de découvrir les bronzes du musée de Shanghai, les origines du céladon, ou les spectaculaires bouddhas du Shandong.
Enfin la rénovation du musée Cernuschi a contribué à la valorisation de ses collections anciennes et modernes et à l’évolution de son image : le rayonnement international des expositions consacrées aux artistes chinois de l’école de Paris a en effet permis de réaffirmer les liens étroits entre le musée Cernuschi et les artistes asiatiques actifs à Paris, hier et aujourd’hui.